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Goa, janvier


Goa, Chapora, bateaux, © L. Gigout, 1990
Bateaux de pêche dans l'estuaire de la rivière Chapora.

Goa, Chapora, bateaux, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, bateaux, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, sadhou, © L. Gigout, 1990
Sadhou inspiré à Fort Chapora.


Je voudrais arriver à la maîtrise du sadhou. Qui tient droit son corps, la tête et la nuque sans mouvement, la vision tirée vers l’intérieur. Qui est indifférent aux autres, calme et libre, tout entier habité par le long cheminement vers le "moksha" qui est délivrance, libération de toute convoitise, de tout désir, de toute passion, de manière à tendre vers l’impersonnalité spirituelle et l’égalité parfaite dans l’âme et dans la nature. Une praxis tenant en quelques mots : maîtrise du moi naturel par le moi spirituel. À nous deux, mes moi !


Goa, Vagator Beach, © L. Gigout, 1990
Vagator Beach.

Goa, Vagator Beach, © L. Gigout, 1990

Goa, Vagator Beach, © L. Gigout, 1990

Goa, Vagator Beach, © L. Gigout, 1990

Goa, Vagator Beach, vaches, femmes, © L. Gigout, 1990

Goa, Vagator Beach, © L. Gigout, 1990


Sur la plage de Calangute, les touristes indiens sont assis en famille à l’ombre des grands parasols de bambous. Ils ne se baignent pas. Parfois, les femmes avancent dans l’eau à la rencontre des vagues puissantes. Les saris mouillés leur font une peau luisante et multicolore. Pas plus que la mer ou le soleil, les hommes ne vénèrent la plage. Ils n’ont pas le culte du corps bronzé sculptural. Au contraire : plus la peau est claire, plus l’homme est respectable. Tout Indien est fier d’avoir du ventre et toute Indienne s’efforce de montrer trois plis de graisse entre son corsage et son sari. Les touristes indiens viennent à Goa pour les touristes occidentales. Pour les seins laiteux et les strings. Pour les fesses rougies incrustées de sable et ce doigt qu’elles passent pour remettre en place l’infime bande de tissu réfugiée dans le pli synclinal. Ne dissimulant nullement leur curiosité, les Indiens passent et repassent devant les corps allongés comme devant les cages d’un zoo. J’ai vu, à Anjuna Beach, deux Indiens se faire photographier devant des baigneuses en monokini comme s’ils posaient devant un monument historique.


Goa, Calangute, © L. Gigout, 1990
Plage de Calangute.

Goa, Calangute, © L. Gigout, 1990

Goa, Calangute, © L. Gigout, 1990


– J’aime Goa ! Tu peux pas savoir, mec. Vraiment, ici je me sens bien. Au diable la vie de malade qu’on mène à Amsterdam, toujours à courir après le fric et à monter des coups. Ici, il y a le soleil, la chaleur, les plages, les cocotiers, tu comprends ? Je passe mon temps sous le soleil, je nage dans les vagues et je me fais chaque jour mon petit yoga. La mer, regarde la mer, elle est belle, putain ! It’s like paradise, great, gigantic, good to get me the shakti.
– Shakti ? C’est quoi d’ça ?
– La force, l’énergie et la puissance ! C’est ici que je les trouve. Le reste n’existe pas, tout est illusion.
Le Hollandais se tait et remplit les verres de vin blanc sec, légèrement acide, au goût de gasoil. Il terminait de dîner en compagnie de Paul et de Michèle dans une des auberges situées sur la plage lorsque je les ai rejoints. Les deux Anglais sont déjà passablement alcoolisés. Paul a des problèmes d’élocution et fait de nombreux allers-retours en direction des toilettes. Le Hollandais est ravi de trouver un nouvel auditeur devant lequel développer la casuistique de son ego. Il se rapproche de moi et continue sur le ton de la confidence.
– Je fais partie d’une secte des admirateurs du lingam, le symbole phallique de Shiva. Le shakti nous permettra de réaliser ce que Brâhma n’a pu réussir : atteindre le sommet du sexe lumineux, maîtriser la force de l’équilibre. La force de l’équilibre, tu comprends, c’est ça la cause de l’existence de l’univers !
C’est un grand type, élancé, blond, trente-cinq ans, l’allure pas trop allumée. Plutôt publiciste en vacances que baba déjanté. Il fume des beedies dont la fumée embaume l’eucalyptus.
– Je crois à l’amour, dit-il avec emphase. C’est un des chemins essentiels du kâma, le désir, le plaisir et la jouissance. Faut pas prendre les hindous pour des brahmanes austères. Dans certaines castes, il y a des choses étonnantes : les gens passent leur temps à changer de mari ou à changer de femme. Regarde Krishna, l’une des réincarnations de Vishnou. Il avait une séduction telle que tout le monde, hommes et femmes, en était amoureux. Il était entouré d’une cour de gopis, des sortes de groupies amoureuses, qu’il faisait danser au son de sa flûte. Prends Shiva, et son phallus dressé dans le yoni, l’organe féminin. Il symbolise l’énergie cosmique ! Brâhma avait pour monture une oie. Quelle image, tu ne trouves pas ? L’oie, voler dans les plumes, la volupté... Je vais te dire encore un truc, mec.
– Ouaip?
– Les putes ici sont sacrées.
– Non ?
– On les appelle dévadasis, les prostituées du temple.
– Ça date un peu, non ?
– Peu importe. C’est la leçon qui compte. Faire l’amour et prier, c’est deux chemins qui se superposent et qui conduisent à la délivrance.
Son regard glisse vers la fille qui le regarde avec des yeux vitreux.
– À part ça ?
– Je vais rester à Goa deux ou trois mois. Me baigner, mec, faire de la moto, du yoga, aller d’une plage à l’autre. C’est ça, la vraie vie, qu’est-ce que tu crois.
Il commande une nouvelle bouteille de vin blanc et remplit généreusement le verre des Anglais, lesquels, entraînés par les verres précédents, continuent de boire. Ils boivent en faisant des grimaces, comme si ça leur répugnait, prisonniers d’une logique que seul le Hollandais connaît. Lui ne touche pas à son verre.
– Certainement, je suis obligé de retourner quelquefois en Hollande pour mon business, me faire un peu de fric. Je vends sur les marchés et sur le campus des universités des bijoux que j’achète à bas prix en Inde, au Népal et en Thaïlande.
Les Anglais ont de plus en plus de mal à se tenir assis. Le Hollandais juge qu’il est temps d’aller jusqu’à une plage tranquille qu’il connaît.
– Tu nous accompagnes ? me demande-t-il sans forcer sur la conviction.
– Non, j’ai besoin d’être seul. Le vin cogne pas mal. Je crois que je vais dormir dans les bras d’une déesse. Je pense à Kali. Qu’est-ce que tu en dis ?
– Kali la Noire ? Tu es fou ! C’est une tueuse. On la représente avec trois yeux d’or, des bras multiples, des dents acérées et des cheveux crépus. Avec un collier de crânes humains et des serpents autour de la taille, elle danse sur le corps de Shiva. Préfère-lui Sarasvati, la déesse de la Parole et de la Musique, ou alors Lakshmi, la déesse de la Fortune.
– J’ai un faible pour les femmes destructrices. Et puis Kali s’appelle aussi Durga, l’Inaccessible.
– As you like, man. Good luck.

Deux femmes en sari bleu et orangé se tiennent debout, face à la mer. L’écume s’enroule en hautes spirales miroitantes sur la crête des vagues et vient se dissoudre à leurs pieds. Elles ramassent des coquillages, ou je ne sais quoi d’autre. La vie coule son cours paisible. La misère du monde n’existe plus.


...Les espérer. D’abord les espérer. Sinon ça ne marche jamais. Quand ils sont là, désirer très fort que le nuage s’écarte. Au premier rayon glisser la main dans ma poche et sortir le talisman. Dire la phrase magique : « Quelle belle journée en perspective ! » Et la journée peut être belle...


Goa, Calangute, vache, © L. Gigout, 1991
Sieste ruminatoire sur la plage de Calangute.


Paupières closes, elle rumine. Allongée sur le sable, les yeux mi-clos comme une baigneuse au repos, elle est jolie. Elle se laisse piquer la vermine du dos par les corneilles alors que ses amies avancent avec lourdeur, le museau au raz du sable. Parfois, elles broutent quelque chose. Ces divines bestioles doivent avoir la panse remplie de morceaux de matière plastique, de bâtonnets de crème glacée, de mégots, de capsules de bouteilles de bière, de piles usagées et de papier journal, toutes choses constituant la matière composite des plages de Goa. Elles s’en fichent pas mal, les vaches. D’essence divine, il ne peut rien leur arriver. Dans le Mahâbhârata, il est dit que celui qui tue la vache vivra en enfer autant d’années qu’il y a de poils sur le corps de l’animal. Tout est sacré en elle. Elle est la mère de tout hindou. Sa bouse et son urine sont utilisées en médecine et les brahmanes en font des galettes les garantissant contre les souillures de l’âme. Cependant, toute sainte qu’elle soit, la vache est une menteuse et sa bouche est considérée comme impure ! C’est Shiva qui l’a dit. Parce qu’un jour, alors qu’il était en désaccord avec Brahma à propos d’une question délicate, la vache, invitée à témoigner, mentit en faveur de ce dernier. Honte sur elle ! Shiva l’ayant découvert, déclara que dorénavant la bouche de l’animal serait impure. Le reste du corps pouvait rester saint.


Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990
Chantier naval à Chapora.

Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990
Construction d'un palace à Fort Aguada

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990

Goa, Aguada, © L. Gigout, 1990


Fort Aguada se trouve à la pointe supérieure de l’embouchure de la rivière Mandovi. Sur les rochers se hissant au-dessus des vagues se trouve une prison entourée de hauts murs. Non loin, un palace est en cours de construction. Des colonnes de granit taillé s’élèvent déjà et forment des portiques majestueux. Vers la mer, un parc paysager avec bassins, pelouses et arbustes décoratifs est en cours d’aménagement et préfigure le paradis luxueux dans lequel viendront s’ébattre, dans deux ou trois ans, les princes de Bombay. Le travail se fait à la main. Celle des hommes, celle des femmes, celle des enfants. Les femmes, vêtues d’un sari, boucles d’oreille, colliers et bracelets, transportent des blocs de pierre sur leur tête. Les enfants font la chaîne le long de la route, acheminant des vasques remplies du déblai extrait du chantier. Quand ils me voient, ils se redressent fièrement et me sourient.




À Mapusa, des ouvriers sont occupés à des travaux de terrassement sur le parking de la gare des autobus. D’un geste circulaire, ils épandent le gravier sur la chaussée préalablement arrosée de goudron à l’aide d’un arrosoir de jardinier. Le goudron est chauffé dans un fût disposé sur trois pierres entre lesquelles un feu est entretenu. Un homme puise le liquide noir et fumant et en remplit l’arrosoir. Le gravier est stocké en un tas situé à l’écart. Faisant le va-et-vient entre celui-ci et le chantier, des femmes en acheminent de pleines vasques. Les hommes remplissent les récipients et aident les femmes à les placer sur leur tête. Plus en avant, d’autres femmes balaient la terre rouge destinée à être recouverte. Les gestes des femmes sont précis et répétés avec constance. Synchronisme des mouvements de l’homme remplissant les vasques, se saisissant de l’une d’entre elles, la haussant jusqu’à la tête de la femme qui accompagne et prolonge son mouvement comme un athlète prenant le relais en pleine course. Depuis celui de l’homme se penchant sur la vasque jusqu’à celui du gravillonneur, il semble n’y avoir qu’un seul mouvement. Mais il y a autre chose : ces hommes et ces femmes sont magnifiques jusque dans la moindre de leurs postures d’où toute trivialité est bannie. Aucun geste n’est déplacé, comme si l’harmonie allait de soi. La terre rouge, le nuage épais du goudron noir, les gravillons blancs, les saris colorés des femmes en mouvement sont les ingrédients d’un ballet qui n’est possible qu’en Inde.


Goa, Chapora, racines dans les pierres, © L. Gigout, 1990
Racines dans les pierres des anciennes fortifications à Fort Chapora.

Goa, Chapora, racines dans les pierres, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, racines dans les pierres, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, racines dans les pierres, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990
Rochers à Agura Beach.

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Agura Beach, rochers, © L. Gigout, 1990

Goa, Chapora, © L. Gigout, 1990
Stèle à Chapora.


Dramatis personae : le voyageur impatient, le chauffeur, l’auxiliaire, les voyageurs locaux. La scène se passe dans un autobus de marque Tata. L’autobus est à l’arrêt sur la place du village de Panaji. Il s’apprête à partir pour l’un des villages de la côte. L’auxiliaire fait quelques tours sur la place du village pour rabattre les clients. Le bus se remplit progressivement. Le voyageur impatient est assis à une fenêtre gauche fumeur. À côté de lui est assise une femme vêtue d’un sari. Le chauffeur met son moteur en marche et donne quelques coups d’accélérateurs bien sentis. Le voyageur impatient pense : « Voilà enfin le signal du départ ! » Quelques passagers s’entassent encore dans le couloir central. Le bus fait quelques mètres en emballant son moteur. Le voyageur impatient s’éponge le front. L’auxiliaire siffle avec ses doigts. Les derniers nouveaux venus jouent des coudes sans ménagement. Le voyageur impatient les regarde d’un air las et soupire. Il pense : « Évidemment, c’est dans cet autobus-là qu’ils doivent être ! » L’auxiliaire admoneste les passagers debout dans le couloir central. Cramponné aux montants de la portière arrière, il entreprend de les pousser à l’aide de son dos. Une femme opulente prend place sur les genoux de la voisine du voyageur impatient. Celui-ci montre des signes d’affolement. L’opulente voisine ajuste son positionnement en répartissant aux mieux ses volumes. Le voyageur impatient se crispe sur son petit sac et serre ses genoux l’un contre l’autre. Il pense : « Va-t-on partir, enfin ! » Après un sursaut, effectivement, l’autobus part. L’auxiliaire se tient à la portière, les pieds sur le marchepied, le corps à l’extérieur. Le véhicule en surcharge roule sur les petites routes de campagne. Le chauffeur le fait pencher dans les virages et double tout ce qui se trouve devant lui (piétons transportant des charges, vélos, motos, chars à zébu, cyclopousses, scooters et plus rarement des automobiles), sans se préoccuper de savoir s’il a une chance de mener son entreprise à son terme. Parfois celle-ci se trouve contrariée. Il freine alors brutalement et se rabat sur le côté de la route. L’auxiliaire est bien secoué. Il résiste comme il peut à la projection et à l’écrasement contre un arbre où un autre véhicule, ce qui aurait pourtant l’avantage de le projeter par la même occasion dans une vie nouvelle et meilleure. Souvent, le chauffeur s’arrête au bord de la route pour embarquer de nouveaux passagers qui montent alors par l’arrière. Pour faire de la place, la technique est la suivante. Le chauffeur donne un grand coup de frein, ce qui a pour effet de créer un vigoureux mouvement vers l’avant, libérant un vide à l’arrière pour les nouveaux venus. Le voyageur impatient a de plus en plus de mal à respirer. Virage. Un bus concurrent arrive en sens inverse mais la route est trop étroite pour permettre le croisement de deux véhicules. Ils s’arrêtent tous les deux, en face l’un de l’autre. Les passagers se haussent. Les chauffeurs s’observent. L’un fait signe à l’autre de passer en le contournant. L’autre ne bouge pas. L’un avance son autobus de quelques mètres de manière à se rapprocher de l’autre. Il dit (en hindi) : « Je ne suis pas impressionné. » Dans l’autobus, les passagers se taisent. Les plus jeunes étouffent des rires nerveux dans leurs mains. On voit qu’il fait chaud. Le voyageur impatient n’est pas à son aise dans ses vêtements trop ajustés. Il pense : « Si encore il n’y avait pas cette odeur de fiente de volaille qui me donne envie de vomir ! » Dans l’autre bus, le chauffeur prend un visage dur. À son tour, il avance son véhicule. Les deux autobus sont pare-chocs contre pare-chocs. Les chauffeurs se regardent, les muscles de leurs visages parcourus de tics. Les auxiliaires se décrochent des marchepieds pour échanger quelques invectives. Dix passagers descendent. Ils disent (en hindi) : « Nous allons examiner la situation de l’extérieur. » Ils échangent des commentaires et prennent fait et cause pour leur chauffeur respectif. Brusquement, un des chauffeurs se dresse dans sa cabine et pousse un rugissement véhément. L’autre chauffeur descend. Il s’approche de la cabine du premier chauffeur. Il dit des injures bien senties en gonflant sa poitrine. Il gesticule avec ses bras. Le premier chauffeur beugle de plus belle. Plus loin, les auxiliaires commencent à se bousculer. Le chauffeur qui est descendu jette son pied contre la portière de son collègue et s’en retourne s’asseoir, visiblement satisfait. Les deux véhicules occupent la chaussée et bloquent la circulation. Des automobilistes actionnent leurs avertisseurs sans provoquer de réaction. Ils viennent s’informer. Ils ne sont pas contents et ils le manifestent bruyamment. Ils disent (en hindi) : « Nous ne sommes pas contents et nous le manifestons ! » Les commerçants des alentours et leurs clients prennent parti. À leur tour ils font des gestes menaçants. Les passagers qui jusque là étaient demeurés stoïques s’exclament (en hindi) : « Nous commençons à la trouver saumâtre ! » La tension est à son comble. Brusquement, le premier chauffeur se rassérène. Il dit (en hindi) : « Je me rassérène, mais à contrecœur ! » Il desserre le frein à main et le véhicule descend à reculons, permettant ainsi à l’autre de passer. La voie libre, l’autre autobus repart. Le chauffeur est abattu et conduit mollement. Le voyageur impatient adresse un sourire rassurant à sa voisine opulente qui lui lance en retour un regard liquide et pèse davantage sur son genou.



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